How about: Aller chercher la neige, et se prendre la pluie?

Avant de rentrer pour affronter le froid, une idée me trotte dans la tête: Aller sur le toît de l'Océan Indien, le Piton des Neiges. Avec ses 3 070m d'altitude, le vieux volcan est le point culminant à des milliers de km à la ronde. Je ne suis là que pour un mois et demi, et je ne passe pas dans le quartier tous les mois non-plus, donc pas moyen de se l'interdire.

Pour monter là-haut, je réussis à motiver Claire, une amie Limougeaude qui vit ici depuis un an et demi et qui me promet de râler tout le long de la rando: GE-NIAL! 

Notre but: aller passer la nuit au sommet pour profiter du coucher et du lever du soleil, particulièrement appréciable car c'est quand même le point le plus haut des alentours!

La rando: Départ du Bloc, à Cilaos, la classique. Altitude au départ: 1 380m ; Altitude à l'arrivée : 3 070m ; D+ : 1 730m. Durée: 8h et 15.5km de long. Plus d'infos et photos ICI. 

La veille on s'était dit: "On est des malades, on part à 5h du mat', on arrive à Cilaos à 6h30, on part dans la foulée...". MOUAIP! Ce sera départ à 9h de l'appart', petit dej' à Cilaos et départ en rando à 11h30. Sur nous, on a pris tout le nécessaire, de l'eau, la tente, les duvets, des affaires chaudes et de quoi se péter le ventre une fois là haut. Nos sacs font approximativement 10-11kg, on voyage tellement léger qu'on ne veut pas prendre de matelas de sol...

Nous voilà donc partis, dès le début on adopte un gros rythme, on avale le dénivelé à grande vitesse, il fait chaud, il y a du soleil, mais ça se couvre. J'ai presque du mal à suivre Claire et ses bâtons de rando tellement on est proches de la course! 

Arrivés au premier tiers de la marche,après 1h05, on profite d'un abris pour faire une petite halte barre de céréales. A peine à l'abris, une pluie dilluvienne s'abat sur nous, du coup, on sort les jeux de société... Après une demi-heure de pause, on profite d'une petite acalmie pour repartir, en disant à d'autres, croisés sur le chemin, que "l'on passera à travers les gouttes d'eau, parcequ'on est potes avec madame Météo..."; Tu parles!

A peine repartis, la pluie se remet à tomber toujours plus fort, au bout de 5minutes, ce n'est plus un chemin sur lequel nous marchons, mais un véritable ruisseau! Pendant 1h15, on prend la flotte, pas moyen de passer à travers les gouttes, on a parfois même de l'eau jusqu'aux genoux! Alors on redouble d'efforts, accélérant encore le pas. Quel bonheur d'arriver au gîte, trempés, mais bien au sec! On se change rapidement, on met les affaires chaudes et on attend, en buvant thé/café, enfin tout ce qui peut nous réchauffer, car on est déjà presque à 2500m d'altitude, et il fait frais! Même trempés, même légèrement frigorifiés, on ne faiblit pas, toujours aucune complainte de ma partenaire, et bien au contraire, l'euphorie s'est installée, presque nerveusement. On rigole, on danse au moindre rayon de soleil qui arrive avec peine à transpercer l'épais tapis de nuages.

Arrivés au gîte peu après 14h, on n'en repartiras finalement qu'à 16h30, une fois la pluie calmée, et le soleil réapparu. On est quand même moins solides qu'au départ, et nos affaires sont trempées. Le sentier bien entretenu du début devient un ruisseau au milieu de cailloux roulants, la progression est bien plus difficile. Il nous reste 1h50 de marche annoncée, dans un décor martien au milieu de la roche volcanique, et d'une végétation quasi inexistante. 

Ce n'est qu'une fois arrivés en haut, tout là haut, une fois les sacs jetés au sol, que ça vaudra vraiment le coup! On apperçoit le cirque de Mafate, de Cilaos et celui de Salazie. Au loin même le piton de la Fournaise se laisse entrevoir entre deux nuages. On monte vite-fait le campement, étend les affaires, après avoir pris bien sûr quelques selfies- Piton bien mérités. On assiste au coucher de soleil, bref, on kiffe. On ne tardera pas, après avoir engloutit un poulet tandoori et quelques "pommes douces fondantes" à dormir, on est morts.

Le lendemain, on se lève tôt, très tôt même... Réveil à 4h, une famille vient d'arriver du gîte, et ils parlent fort. Ces gens bien intentionnés n'en étaient pas pour autant bien préparés. Ils repartiront 5minutes plus tard à cause du froid, du vent, faute d'affaires chaudes. Fallait y penser! Il fait quelque chose comme 5°C, et après 2h de marche, on transpire... Tant pis pour eux, nous on reste au chaud dans le duvet.

vers 4h45, on appercevra quelques rayon de lumière, pas énorme, le soleil est quand même caché par des nuages au large de l'île, il faudra attendre 5h45 pour qu'il fasse vraiment son apparition. Une fois le soleil apperçu, pour ma part en tout cas, on s'octroie 2h de sommeil supplémentaires, bien méritées. On se lèvera plus tard, vers 8h pour découvrir des gens dormant à même le sol autour de la tente, sans duvet, sans rien. 

On repartira enfin vers 9h, après avoir récupéré mon duvet prêté au cadavre précédemment évoqué. On ne mettra que 2h15 pour tout redescendre, en courrant. On profitera aussi des vues sur Cilaos complètement bouchées de la veille. A l'arrivée, petit mal aux genoux, mais on est entiers, fiers de nous. Reste juste à franchir les 400 virages jusqu'à la sortie du cirque pour prendre une douche et un repas bien mérités. 

Bilan du voyage: 1730m de D+, pareil en D-. 6h de marche. Des selfies en pagaille et de belles vues.